Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

Au Waldhaus Flims, une cure de jouvence

Le cinéma de l’Italien Paolo Sorrentino a ceci de précieux qu’il emmène le spectateur dans des lieux exceptionnels. Dans La grande bellezza (2013), sa caméra se promenait dans les ruelles de Rome, s’arrêtant dans des palais somptueux. Pour La Main de Dieu (2021), elle arpentait Naples, la ville de naissance du cinéaste, et en montrait la folie, le baroque au quotidien. Entre-temps, en 2015, avec Youth, Paolo Sorrentino avait fait un crochet par la Suisse. Plus précisément au Waldhaus Flims, un des plus beaux hôtels du pays. Un établissement cinq étoiles à Flims, près de Coire, dans le canton des Grisons.
De cette bâtisse construite il y a plus de cent cinquante ans, Sorrentino fait le décor de Youth, titre ironique, car c’est bien de vieillesse dont il est question, et de jeunesse disparue dont il ne reste rien, si ce n’est le souvenir. Michael Caine et Harvey Keitel jouent deux amis qui s’offrent des vacances de luxe. L’un est un compositeur à qui on propose de jouer à l’anniversaire du prince Philip, l’époux de la reine Elizabeth II. L’autre est réalisateur de cinéma et travaille au scénario de son dernier film, qu’il estime testamentaire.
Autour d’eux gravitent toutes sortes de personnages étonnants : une Miss Univers, un acteur rendu célèbre par un rôle de robot dans un film de science-fiction et qui rêve d’être reconnu pour autre chose. Et, sensation du film, un sosie de Maradona, l’idole de jeunesse de Sorrentino. Obèse, malade, affublé d’un masque à oxygène, El pibe de oro (« le gamin en or ») se lance dans une démonstration de ses talents avec un ballon, tel un fier trompe-la-mort.
Massages, saunas, balades en forêt, montagnes (magiques) aux alentours… Le Waldhaus Flims a beau être le théâtre d’une comédie très amère, il n’en fait pas moins très envie. Alors qu’il sort de sa zone de confort italienne, Paolo Sorrentino ne peut s’empêcher de montrer l’opulence du palace : la transparence de l’eau de la piscine, les reflets de l’eau du lac, le tracé parfait des sapins…
Se plonger dans cette ambiance, c’est mettre ses pas dans ceux des touristes du XIXe et du début du XXe siècle, quand des gens venus de toute l’Europe, notamment des artistes et des écrivains, se ressourçaient dans les Alpes suisses. Si Youth n’est pas le récit d’une renaissance, il peut au moins servir de décor pour le commun des mortels.
Waldhaus Flims, Via dil Parc 3, 7018 Flims, Suisse.
Clément Ghys
Contribuer

en_USEnglish